(Trois-Rivières) «Se faire lire, c'est quelque chose. Se faire écouter, c'est encore mieux». Mike McNeil lance des phrases comme celles-là en discutant de la forme d'art qu'il privilégie, le slam.
La pièce inaugurale de son premier album, J'écris, résume l'essence de la motivation du Trifluvien d'adoption, qui écrit depuis l'adolescence.
À lire. Ou écouter!«Il y a trois façons d'écrire: avec sa tête, avec son coeur et avec son âme», formule aussi le slammeur qui favorise la troisième source.
Sur son album Rien n'a changé, Mike McNeil aborde des thèmes comme le suicide, la violence faite aux femmes, l'euthanasie, et même l'ouragan George, qui a forcé son retour de République Dominicaine en 1998.
Le parcours de ce natif de Québec n'est pas banal. Après avoir animé des émissions musicales à la radio communautaire CKIA FM et à la station Télécom 9 au milieu des années 1990, Mike McNeil a travaillé en hôtellerie, d'abord en République Dominicaine (l'«anecdote» du rapatriement causé par George), puis au Mexique.
À son retour du Mexique, il a complété sa formation dans ce domaine et a travaillé en Europe, notamment à Londres, où il fut directeur d'un Holiday Inn.
Pour lui, le voyage alimentait l'ouverture d'esprit et la matière qui pouvait nourrir l'écriture. «Si tu n'as rien vu, tu n'as rien à dire, donc rien à écrire», considère-t-il.
Revenu au Québec et oeuvrant toujours dans l'hôtellerie, le vieux rêve de devenir chanteur est revenu le titiller. «L'élément déclencheur, ça a été la trentaine, comme si j'étais rendu au cap du mi-chemin de ma vie», confie Mike Mc Neil, particulièrement ébranlé par les cas de cancer de membres de son entourage.
«Je me suis demandé s'il y avait des choses que je n'avais pas encore faites et que je regretterais de ne pas avoir réalisées. Et c'était de chanter», raconte celui qui a suivi des cours de Jessica Gauthier-Isabelle, de l'école de chant et de musique Au coin des Artistes à Shawinigan.
C'est là qu'il a côtoyé Marc Isabelle, qui a travaillé avec lui pour la conception de l'album. «En fait, des fois je dis que Mike Mc Neil c'est un trio, avec Marc Isabelle et Stéphane Ruault». Stéphane Ruault est le guitariste qui accompagne en fond sonore les poèmes du slammeur.
Pourquoi avoir choisi la formule slam et non le chant pour diffuser ses textes? Bien qu'il ait déjà enregistré un de ses poèmes sur un fond de clavier à l'époque de son émission de télé, c'est la découverte de Grand Corps Malade qui l'a encouragé à adopter la forme du slam pour exprimer sa poésie.
«Ce qui fait la beauté d'un texte, c'est l'interprétation qu'on en fait, l'intonation, le rythme», résume celui qui souhaite que l'écriture et les auteurs en général soient davantage reconnus et estimés. C'est là aussi qu'il affirme que «se faire lire, c'est quelque chose. Se faire écouter, c'est encore mieux».
Quelques détails sur certaines des pistes de son disque: sa chanson J'écris est enrichie de la collaboration à distance de Doré, un chanteur martiniquais et quelques-uns de ses amis musiciens. Le texte Rien n'a changé a été inspiré du suicide d'une enfant de 12 ans, et le slammeur s'associe à la Fondation André Dédé Fortin, dédiée à la prévention du suicide.
Feu le chanteur des Colocs figure d'ailleurs parmi les trois influences identifiées par Mike McNeil l'auteur, avec Roger Tabra et Plume Latraverse. Dédé Fortin est un de ceux qui écrivent avec leur âme, selon la catégorisation du slammeur qui pense déjà à son deuxième album.
«Certaines personnes me disent que mon album est dur, sombre. Moi, je dis qu'il est rocailleux. J'ai décidé de ne pas faire l'autruche. Je me sors la tête du sable et je vous écris ceci», soutient celui qui travaille comme vendeur de voitures chez Hyundai - qui commandite ses activités artistiques!
Ceux et celles qui voudraient découvrir le slam peuvent assister aux soirées organisées par Slam Mauricie à tous les derniers mercredis du mois à L'Embuscade.
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